Corridors écologiques: des idées innovantes.

Publié le par Francine Buchi

En ce moment, la SNCF et Réseau Ferré de France font poser de nouvelles clôtures le long des voies entre les  2 gares d’Orry la Ville dans l’Oise. La belle affaire ? Et oui, la belle affaire ! Car il s’agit d’une réalisation pionnière dans le domaine des corridors écologiques, cette fameuse  trame verte et bleue voulue par le Grenelle de l’Environnement.

 
Tout l’enjeu est de conserver un habitat viable et suffisamment d’espace pour la population de cerfs, emblématiques de la forêt de Chantilly.



Explication : la voie ferrée Paris-Amiens longe 2 grands massifs forestiers, celui d’Ile de France, et celui de Chantilly. A hauteur d’Orry la Ville, dans l’Oise, elle coupe très exactement la voie de passage des cerfs qui sont plusieurs milliers à se déplacer d’une forêt à l’autre. 

 
 
Mais il se trouve que les rails longent également des chemins forestiers de plus en plus fréquentés par les promeneurs, car nous sommes à la limite nord de l’agglomération parisienne. Or la SNCF a l’obligation d’assurer la sécurité des riverains. Elle a donc fait installer en 2004 des clôtures de 2m de haut  de chaque côté de  la voie ( on en voit encore une partie sur la photo).

 Jean Luc Hercent, chargé de mission patrimoine naturel au Parc Régional Naturel de l’Oise-Pays de France se souvient ‘’On s’est tout de suite rendu compte que ce genre de clôtures est catastrophique pour la faune,  même les grands cerfs étaient incapables de les franchir. »

Le corridor écologique était rompu. Le Parc Naturel Régional de L’Oise-Pays de France, ‘’ qui s’est constitué historiquement pour protéger la population de cerfs ‘’ a donc pris l’initiative de faire étudier un autre type de clôtures, puisque clôtures il devait y avoir.
 

Et ce ne fut pas sans mal..

Pas moins de 3 ans de réunions et de tractations entre les différents partenaires (Réseau Ferré de France, SNCF, chasseurs, environnementalistes, collectivités locales) pour trouver un compromis. Le Parc Naturel Régional de l’Oise-Pays de France est finalement parvenu à mettre tout le monde d’accord autour d’une nouvelle proposition : 
 

 ''Notre étude, dit Jean Luc Hercent, a montré qu’il faut diminuer la hauteur de la clôture à 1m20  en laissant libre par un dessous un passage de 40 cm . Les cerfs peuvent sauter par au-dessus, les faons et les chevreuils se glisser en-dessous’’

  


Et c’est ainsi que des clôtures abaissées et allégées sont en cours d’installation entre les  2 gares SNCF et RER d’Orry la Ville. L’avenir dira si ce choix est judicieux, et transposable à d'autres régions.

Pour voir le reportage diffusé sur le sujet dans JT 13h du 27 septembre, cliquez ici.
 

Plus généralement, la trame verte et bleue, voulue par le Grenelle de l’Environnement, est très difficile à mettre en place, car selon l'Institut Français de l’Environnement nous perdons l’équivalent d’un département de nature tous les 10 ans, au profit de constructions de toutes sorte et d' infrastructures de transport, routes et voies ferrées.  Dans ce territoire devenu de plus en plus artificiel il faut réussir à aménager des liaisons entre les différents noyaux écologiquement sains, de manière à permettre le cheminement des espèces et leur renouvellement génétique. Un vrai casse-tête , qu’il faut résoudre au cas par cas !

 
Au Bourget du Lac, par exemple, c’est un passage aérien au dessus des routes pour les écureuils que le Parc Naturel Régional de Savoie est en train d’expérimenter. Voir article précédent.

Une corde à écureuil a donc été posée il y a quelques mois. André Miquet, le biologiste '''inventeur'' de cette astucieuse idée de l'écuroduc me signale : ''Toujours pas d'écureuil écrasé ... c'est notre seul indice de bon fonctionnement,  mais à consolider dans les mois à venir évidemment  car l'automne est la première saison pour les écrasements !''
Je tâche de prolonger cette action avec l'agglomération chambérienne,
précise André Miquet, en commençant par une "enquête citoyenne" diffusée par le bulletin municipal : observations d'écureuils vivants ou morts, en vue de:
- connaître sa répartition en ville, ainsi que les corridors y conduisant ;
- proposer une politique de l'arbre en ville qui lui soit favorable ;
- neutraliser les points d'écrasement des écureuils par des écuroducs...''

Rien qu'avec ces deux exemples, on se rend bien compte qu'il faut, au final, beaucoup de tenacité et d’imagination pour mettre en place un corridor écologique, et beaucoup de concertation entre les différents partenaires. Mais ceci est bien dans l’esprit du Grenelle !

  

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